Enemy de Denis Villeneuve
"Toutes les clés sont dans le film", a déclaré dans Voir le réalisateur de ce petit film pas si énigmatique que les critiques voudraient nous le faire croire (ni si "embrouillé" que ça).A l'évidence, il s'agit d'un film fantastique, au sens précis que Joël Malrieu a donné à ce terme, et mettant donc en scène un personnage (Adam) qui est devenu étranger à lui-même, et qu'un phénomène déstabilisant (la découverte de son double, Anthony) va pousser à s'interroger sur sa vie.
(Ce thème de l'aliénation est d'ailleurs à peu près la seule chose que le film partage avec Faux semblants de Cronenberg, autre histoire de double malveillant).
Rien d'étonnant donc à ce que presque tout le film baigne dans une lumière jaune (qui est celle des intérieurs où Adam préfère rester, tout comme des extérieurs noyés par le smog), ou propose à intervalles réguliers des plans de ces immeubles de béton qui sont, semble-t-il, voués à écraser toutes les formes de vie qu'ils abritent.
Ce décor, bien évidemment, est idéal pour souligner la routine dans laquelle s'est installée la vie d'Adam, ainsi que celle de son double, Anthony, et nous faire mieux comprendre leur volonté d'intervertir leurs vies (ce que Roman Faisant a très bien vu).
* la scène d'ouverture (qu'il convient donc de bien garder en mémoire), où le personnage d'Anthony (qu'à ce stade on n'a bien sûr pas identifié comme tel) guide un jeune homme jusqu'à un club privé mêlant jeunes femmes dénudées et araignées venimeuses ;
* la scène où le même jeune homme (ou un autre, peu importe), qui se révèle être un concierge, guide Adam qu'il prend pour Anthony jusqu'à l'appartement de ce dernier, tout en évoquant l'expérience qui a été la sienne dans la scène d'ouverture ;
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