vendredi 28 février 2025

Celle qui se souvient

La Sorcière de lune [Dark Star 2/3] de Marlon James


Mémoire


"Une nuit, je suis allée dans la jungle des rêves. C'était pas un rêve, c'était un souvenir, il a jailli dans mon sommeil pour l'usurper. Dans ce souvenir-rêve, il y a une fille. Regarde-là, la fille. La fille qui vit dans une vieille termitière. Ses frères, trois qu'ils sont, ils habitent dans une grande hutte, et ils disent que la termitière ressemble au coeur d'un géant posé à l'envers, en putréfaction, mais la fille, elle sait pas ce que ça veut dire, tout ça. La fille, elle presse ses lèvres contre le ventre creux de la termitière, ses parois d'argile rouge, rugueuses au toucher."


"One night I was in the dream jungle. It was not a dream, but a memory that jump up in my sleep to usurp it. And in the dream memory is a girl. See the girl. The girl who live in the old termite hill. Her brothers three, who live in a big hut, say that the hill look like the rotting heart of a giant turn upside down, but she don't know what any of that mean. The girl, she is pressing her lips tight in the hill's hollow belly, the walls a red mud and rough to the touch."


A lire (en VF, page 29, ou en VO) cet incipit, digne autant du Rebecca de Daphné du Maurier que du Dragon de Thomas Day, une évidence s'impose : un jour, il sera aussi célèbre que celui de Du côté de chez Swann de Proust – et non, je n'évoque pas par hasard ces 3 romans, apparemment dissemblables, car Sorcière de lune (chef d'oeuvre lu en service de presse) parle autant d'émancipation (subtile) ou de vengeance (brutale) que de mémoire (le troisième terme étant, nous le verrons, la condition des deux premiers).


Avant de commencer ma recension (arbitrairement centré sur 3 mots rimant entre eux, "mémoire", "miroir" et "pouvoir", autant de thèmes important dans le livre), un petit mot d'avertissement : quoique Sorcière de lune soit pensé comme le deuxième volet d'une trilogie (le premier étant Léopard noir, loup rouge), comme les histoires ne se suivent pas, mais se superposent (j'y viens tout de suite), il est parfaitement acceptable de commencer sa lecture par Sorcière de lune – la magie opérera tout de même.


Ceci dit, si vous aimez les jeux intertextuels (comme moi), vous prendrez beaucoup de plaisir à comparer les parties IV et V de Sorcière de lune à l'intégralité de Léopard noir, loup rouge (qui racontent a priori les mêmes événements) – et à découvrir ce que les petits malins comme Gromovar avaient repéré dès le début : Pisteur n'est pas un narrateur fiable (par exemple, il s'attribue le mérite d'avoir détecté Bunshi à leur première rencontre, ou il oublie de dire pourquoi les hyènes en avaient après lui).


Sogolon n'est probablement pas une narratrice plus fiable (quoique), mais elle met peut-être plus que Pisteur en avant (icipage 679) cette question de la fiabilité (de la mémoire, et de la narration par contre-coup), donc de la nécessité pour l'Inquisiteur à qui s'adresse le récit (et de nous par conséquent) de recouper les versions (comme le fait par exemple Marcie McCauley dans sa chronique)  :

"Je l'ai entendu. J'ai entendu une partie de son récit. Il y a même une ou deux femmes qu'il traite ni de sorcière ni de pute, ici et là. Mais tout ça – il y a des passages dont je me souviens pas, d'autres que je me rappelle comme d'une fable –, tout ça n'est pas quelque chose que j'ai vu, entendu ou senti moi-même. On se rappelle ce qui nous a fait transpirer, tu le sais bien. J'ai pas souvenir d'avoir transpiré."


Dans ce même passage, Sogolon souligne également qu'elle a compensé l'altération (pas accidentelle, j'y viens) de sa mémoire grâce au témoignage écrit d'un griot du Sud (les seuls à écrire l'Histoire, et pour cela mal vus du pouvoir) ; cette remémoration est au coeur de la partie III (et centrale) de Sorcière de lune, et donne lieu à un enchâssement des récits (après deux parties plus "linéaires", dont une partie I contée à la troisième personne, pour marquer une distance mémorielle, mais pas seulement, j'y reviendrai).


A l'inverse de chez Platon (pour qui l'écriture engendrerait nécessairement une perte de mémoire chez les rhéteurs), les mots; même les moins magiques qui soient, sont des alliés puissants de la mémoire, comme le souligne cette déclaration en forme de promesse d'Ikede (page 443), qui pourrait être tout aussi bien la nôtre, ou celle de Marlon James lui-même :

"Le papier n'oublie pas. L'encre non plus. Le papier, c'est là que je t'ai trouvée. Et là que tu vas te retrouver."


Exactement comme dans Léopard noir, loup rouge, toutes ces figures de griot sont autant d'hommages à la narration, mais aussi d'avatars de Marlon James, qui adopte du reste un style de conteur épique, usant de jeux de sonorités et de répétitions (censées faciliter la remémoration), avec en prime ici une spécificité due à la langue particulière de Sogolon, quelque peu agrammaticale en VO (la traductrice, Héloïse Esquié, rend cela plutôt intelligemment en VF, en ne traduisant pas l'intraduisible, le non-accord des verbes à la troisième personne, mais en le compensant par un rajout d'autres tournures orales ailleurs ; l'incipit cité plus haut en fournit un bon exemple).


Qu'elle soit écrite ou orale, la mémoire (des luttes) est en effet un enjeu central pour l'émancipation ; de ce point de vue-là, il est significatif que l'ennemi juré de Sogolon (l'Aesi, sur lequel je reviendrai) puisse manipuler la mémoire des gens, Sogolon exceptée (sauf dans certaines circonstances spéciales, ayant conduit à la partie III) – voir ce dialogue entre elle et lui (page 391) :

"– Tout le monde le sait.

Tu en sais davantage. C'est comme une maladie, ce que je fais aux gens. Je les infecte avec l'oubli. Je peux même le diffuser dans l'air nocturne. Et il se transmet à tous, même au Roi. Mais pas à toi. Jamais à toi.

Je ne suis pas une menace pour toi.

Si tout le monde oublie pour le bien commun, celle qui se souvient est toujours une menace."


Tout aussi significatif est me semble-t-il le fait que la personne qui enseigne à Sogolon à lire (un acte d'émancipation) soit quelqu'un qui a oublié (notamment la femme de sa vie), Olu ; Marlon James retrouve ici l'idée du maître ignorant mis en avant par Jacques Rancière (comment peut-on se dire émancipé si l'on est juste le réceptacle des idées déversées par un enseignant ?) tout en poursuivant sa réflexion sur le caractère politique de la remémoration (page 168) :

"Il oublie pas complètement. Elle s'attarde en lui, peut-être parce que l'amour est une chose qui s'attarde, et qu'aucune force, qu'elle vienne de l'Aesi ou d'un autre, ne peut éradiquer l'amour par la violence. Cette force, elle n'en connaît pas la nature. Elle sait rien de l'Aesi. Elle sait presque rien de cette cour, ni de ce roi. Mais Olu, peut-être que si. Peut-être est-ce écrit en rouge ou en noir quelque part dans la maison."


Miroir


Tout autant que de mémoire, l'émancipation est aussi une affaire d'identité à revendiquer (c'est un truisme de le dire) – c'est pour ça que dans la partie I de Sorcière de lune, où Sogolon ne fait guère que "quitter une exploiteuse pour une autre" (page 45), elle parle d'elle à la troisième personne, sans réflexivité donc.


C'est aussi pour ça, sans doute, que Marlon James émaille le roman de scènes d'auto-contemplation, significatives d'une prise de conscience de son identité (ou de son absence d'ailleurs) par Sogolon, dans ce qu'elle a de plus personnel, son corps (pas spécialement beau, comme celui de son homonyme dans l'épopée de Sundiata, mais peu importe) – voir page 62 :

"Longtemps après s'être écartée du jet d'eau, elle est encore dans la salle, à se contempler. Miss Azora s'assurait qu'il n'y avait rien dans ses chambres qui puisse refléter une image de peur que les hommes, en se voyant, perdent leur vigueur naturelle, soit à la vue de leur corps flasque, soit sous le poids de la honte. Mais ici le regard des hommes n'a pas sa place. Alors c'est elle qui regarde. Elle baisse la tête pour voir ses cheveux, qui lui descendent presque aux épaules avant qu'elle les roule en noeuds sur le sommet de son crâne."


Le miroir (ou un dispositif apparenté) peut également susciter de (salutaires ?) prises de conscience quant à sa place en ce monde (page 241, avec une mention du regard d'autrui, autre forme spéculaire, sur laquelle je reviendrai bientôt) :

"Se soucier de qui ne se soucierait jamais de vous est un exercice stupide. D'ailleurs, Sogolon regarde son reflet dans une surface d'argent et la pensée l'envahit que personne ne se soucie d'elle ; autrement dit, personne ne la voit, et si personne ne la voit, elle peut s'en aller. Si je suis une femme sans nom, alors soit, je serai une femme sans nom."


Le même genre de scène se retrouve (entre autres) trois parties plus loin, avec cette fois-ci l'idée que, quoique utile, le miroir est aussi un instrument imparfait, et pas seulement parce qu'il ne dit rien de l'intériorité (page 560) :

"Je regarde dans la glace et vois enfin une vieille femme. La tête presque complètement blanche, les cheveux rasés tout autour, avec juste l'arbre au-dessus. Mais je ne peux pas faire confiance à cette image, car le miroir, il retourne mon visage, déplace les cicatrices de mon bras droit sur le gauche, et dessine une ligne irrégulière sous ma mâchoire. Certaines femmes redoutent davantage la moindre mèche de cheveux blancs qu'un démon, mais j'attendais le blanc et le gris depuis plus de cent ans."


Un autre miroir, plus métaphorique celui-là, mais sans doute tout aussi imparfait, ce sont les yeux d'autrui ; et Sorcière de lune est tout autant l'histoire de Sogolon que de la façon dont les autres (y compris donc Pisteur, le narrateur de Léopard noir, loup rouge) la perçoivent – et surtout la nomment (page 697) :

"Elle est vieille. Trois cent et dix-sept, dit la rumeur dans le Nord, cent soixante-dis-sept, dit la rumeur dans le Sud. Autrefois elle était la sorcière du bush et le fantôme du Marais de Sang, mais il fut un temps où elle était une femme et une guerrière et une putain et une voleuse. Car c'est ainsi que les gens l'appellent, mais personne ne lui demande comment elle, elle s'appelle."


Ce dernier reproche, Marlon James se l'adresse sans doute aussi à lui-même, puisqu'il place sa Sorcière de lune dans un ensemble cohérent d'archétypes (ce que souligne le titre anglais du roman, Moon Witch, Spider King) : face à la Sorcière de Lune (nom éminemment féminin dans un monde où l'on appelle "sang-de-lune" le flux menstruel) se dresse donc "un être si mauvais qu'il assassine les rêves" (page 324), l'Aesi, le chancelier du Roi, avec qui il forme une sorte d'être composite, un "Roi-Araignée" à 8 membres.


A rebours du choix fait par exemple par une Louise Bourgeois, mais en accord avec une certaine imagerie véhiculée par la culture populaire (pensez au Spiderman de Sam Raimi), Marlon James a en effet choisi l'araignée à la fois comme ennemi (comme dans Tolkien) et comme emblème de "la masculinité" toxique (page 592) ; si ce caractère arachnoïde n'est que métaphorique chez l'Aesi, il est ouvertement présent chez un de ses séides, qui est d'ailleurs celui que Sogolon affronte le plus souvent (page 483, avec d'évidentes connotations sexuelles) :

"Il se baisse, se plie en avant jusqu'à ce que sa tête soit juste au-dessus de moi. Pas de visage, juste les yeux. Deux longs crochets à la place de la bouche, et entre eux ses antennes se mettent à cliqueter. Puis il bondit, ses crochets s'entrechoquent et je dresse la machette. Il fait un bond en arrière. Je cours mais ne vais pas loin. Quelque chose de mouillé gicle sur l'arrière de ma jambe, une substance visqueuse, laiteuse, qui se durcit aussitôt."


Ainsi prise dans une toile (ici réelle, mais la plupart du temps métaphorique), un réseau perpétuel d'antagonismes, Sogolon peut-elle être vraiment elle-même, ou se dire libre ? Ici encore le regard en miroir d'autrui en dit long : page 593, Jakwu l'appelle "Maîtresse Vengeance", et Sogolon elle-même conviendra (page 681, non sans ironie) qu'à trop se focaliser sur une cible, telle une Lady Snowblood africaine, elle a peut-être perdu de vue son identité propre :

"Vouloir tuer un homme, vivre pour tuer un homme, affûter ma vie entière au point de n'être plus qu'un outil de précision, pour tuer, c'est ça qui m'a donné plus de raison de me réveiller à chaque aube que de le tuer pour de bon. Tu le fais grandir, tu l'entretiens, tu le tailles, comme une plante, tu le plies et le tords, pareil. En plus, c'est une occupation comme une autre, et les femmes ont besoin d'occupation."


Pouvoir


Tout ceci nous amène à la question du pouvoir, une idée centrale dans Sorcière de lune, suivant l'excellente analyse de Gautam Bhatia – et non, ce n'est pas un hasard s'il y a écrit "empowerement" en quatrième de couverture.


Aucune émancipation n'est en effet possible sans développer de contre-pouvoir, notamment (exactement comme dans L'Architecte de la vengeance de Toshi Onyebuchi) une sorte de super-pouvoir, qui viendra pour la première fois à Sogolon à un moment significatif (page 71) :

"Arrête de lutter, toi, t'es pas élevée pour gagner, dit-il et il fourre son doigt en elle. Elle ferme les yeux et pense à la chose la plus bruyante, la plus sauvage, la plus stridente. Une tempête, avec des nuages gris qui barattent comme du lait de vache dans du café. La pluie qui se déchaîne et noie les pâturages. Et le vent qui siffle puis hurle, le vent qui crie, le vent qui emporte les arbres, la maison, la terre, le ciel bleu, la poussière et la Tour de l'Autour noir, séparant la statue de sa fondation et faisant voler l'oiseau de pierre."


Là encore, le choix fait par Marlon James est intéressant, symboliquement parlant : contrairement par exemple à Miss Peregrine et les Enfants particuliers (le roman de Ransom Riggs autant que l'adaptation de Tim Burton, qui inverse les pouvoirs de deux personnages sans toucher à la symbolique), le vent n'est pas ici synonyme d'une certaine légèreté ; il est juste le pouvoir approprié pour une personne invisibilisée, "une femme qui n'est qu'air aux yeux de tous" (page 257), tout en faisant une évidente allusion au célèbre Blowin' in the Wind de Bob Dylan (on pense aussi à Un condamné à mort s'est échappé de Bresson et à son sous-titre biblique, Le Vent souffle où il veut).


Tout aussi intéressant est le choix fait par Marlon James de ne pas se reposer entièrement sur cette compensation symbolique, ce "vent (pas vent)" d'ailleurs capricieux ; tout aussi important dans le parcours de Sogolon sera le fait qu'elle se passionne pour la lutte au bâton, le donga, normalement une affaire d'hommes – même devenir mère ne changera rien à l'affaire (page 365, avec une réflexion sur la façon dont la lutte lui permet de se réapproprier son corps, même si ce n'est pas un combat rouge, à savoir un combat à mort) :

"Vois maintenant comment la maternité change un corps. Je perds la faim, je le sens, mais j'ai encore envie de me battre au donga, pas dans n'importe quel combat, dans un combat rouge. L'idée me vient que j'ai désormais des enfants et que je ne peux plus me lancer dans ce genre de batailles, mais elle n'est pas aussi forte que je l'aurais cru et ça m'inquiète. Alors une nuit je met bats et gagne. Un combat blanc, mais une victoire est une victoire, d'autant que j'ai enroulé tant de vêtements autour de ma taille pour faire disparaître mes hanches que je ne peux pas me pencher de tout le combat, ni en rentrant. J'ai plus de mal à bander mes seins, car maintenant j'ai des seins, mais je n'ai aucun mal à les ignorer. Trop d'années à penser que tout en moi devait être utile."


Mais peut-être le pouvoir le plus important de Sogolon est-il sa propension à propager l'émancipation, donc à servir de contre-pouvoir à l'amnésie induite par l'Aesi, tout comme son "vent (pas vent)" semble conçu pour défier le roi "Kwash Moki, ce qui signifie Celui-qui-fera-cesser-le-vent" (page 217) ; si la partie V le dira explicitement (pages 707-708), l'idée était déjà présente dès la partie III (page 434) :

"Six lunes plus tard, un ou deux hommes évoquent une série de meurtres à Masi et Marabanga, ajoutant que pour cette police secrète, aucun assassin n'a de secret. Un an plus tard deux ivrognes se demandent si les dieux ont décidé de se venger de tous ces hommes, mais pas de femmes ? L'homme perd le sommeil et maintenant il a peur de marcher dans certaines rues, contrairement aux femmes. A présent ce sont elles qui marchent seules ou parmi leurs semblables la nuit."


Cette idée de faire changer la peur de camp, mais surtout de renverser une situation foncièrement insoutenable, voire une société toute entière, c'est une thématique classique de l'utopie (post-marxiste, j'en parlais notamment à propos d'Anatèm) : malgré toutes ses imperfections (ou peut-être en raison d'elles), Sogolon est donc bel et bien le véhicule d'un espoir de changement, peut-être plus que la cause qu'elle va, comme Pisteur, servir un temps (parties IV et V de Sorcière de lune).


Dit autrement, avec les propres mots de Sogolon (page 453), Sorcière de lune n'est pas seulement l'histoire d'une femme et de son ennemi mortel dans une Afrique mythique, c'est une fable intemporelle en prise sur notre présent déliquescent (où l'Amérique est d'ailleurs gouvernée par une manière de Roi-Araignée, Trump-Musk) :

"Tu crois que l'objet de cette histoire est la vengeance. Son objet, c'est l'ordre divin du bien et de l'abondant, cet comment nous perdons notre voie parce qu'une canaille cruelle a décidé que ces choses ne devraient pas exister dans le monde, mais seulement en lui-même. Son objet, c'est l'insatisfaction croissante sur terre et sur mer, comme une bosse qui enfle dans le sein d'une femme, tel un corail. Son objet, ce sont les terres baignées du sang des guerres, car nombreux sont-ils encore à devoir souffrir, à l'avenir. Je n'en suis pas l'objet. Je n'en suis pas l'objet, oh."


2025 est à peine commencé, mais il est déjà évident que Sorcière de lune, deuxième volet d'une "grandiose fresque de fantasy africaine" (dixit Gromovar) est LE livre à ne pas manquer cette année (en attendant le troisième tome, White Wing, Dark Star, qui devrait prendre un point de vue encore plus surprenant sur les événements).




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire