L'Enigme de l'univers de Greg Egan
Janus
"Très bien. Il est mort. Allez, parlez-lui."
Dès l'incipit (page 17) de L'Enigme de l'univers (ouvrage lu en service de presse, dans la nécessaire réédition du Bélial', avec une traduction révisée pour l'occasion) se devine déjà toute la puissance de la défamiliarisation ici maniée par Greg Egan (cette défamiliarisation où le Serge Lehmann de L'Art du vertige voit la marque la plus sûre de la science-fiction, ce qui se discute bien sûr).
Ce que cet incipit ne dit sans doute pas, en revanche, c'est la place importante que L'Enigme de l'univers tient dans l'histoire du genre, en raison de sa double capacité d'à la fois synthétiser tout ce qui l'a précédé (notamment William Gibson, mais pas que) et déployer un éventail de possibilités pour tout ce qui lui a succédé (le roman est ainsi "d'une modernité incroyable", comme le dit Tachan, même s'il convient de replacer dans leur contexte certains passages sur l'autisme ou l'asexualité, j'en reparlerai).
Dit autrement, L'Enigme de l'univers est un nexus ou, mieux, un Janus, dont une face regarde vers le passé, et l'autre, vers l'avenir ; j'aurai bien sûr l'occasion d'en reparler dans cette chronique, mais signalons déjà les deux courant majeurs dont Greg Egan s'inspire selon moi :
– le cyberpunk à la Gibson (Tibérix a raison de voir dans L'Enigme de l'univers un roman post-gibsonien), notamment pour la façon de mettre en scène ce qu'Istvan Csicsery-Ronay appelle (dans The Seven Beauties of Science-Fiction) une SF à novums multiples, c'est-à-dire façonnée par de nombreuses innovations technologiques (qu'Egan unifie autour d'une seule et même problématique, j'en parle bientôt) ;
– ce que Catherine Dufour baptisera la science-friction, à savoir la SF qui n'hésite pas à s'inspirer de l'esthétique fantastique dans son approche de l'altérité, donc à mettre en scène des corps difformes, et à utiliser ainsi le versant grotesque du sense of wonder, plutôt que de tout miser sur son versant sublime (songez au Stanislas Lem de Solaris et surtout au David Cronenberg de Vidéodrome, explicitement convoqué ici me semble-t-il).
A l'appui de mes dires, je citerai le passage suivant (page 47-48), qui a en prime le mérite de poser clairement l'enjeu du roman, ainsi que de décrire son narrateur (notez aussi, au passage, la référence à un autre célèbre auteur de hard SF) :
"Une fois que les gens cessaient de comprendre comment fonctionnaient en réalité les machines qui les entouraient, le monde qu'ils habitaient commençaient à se déliter dans un paysage onirique dépourvu de sens. La technologie échappait à leur contrôle, ne se discutait plus et ne suscitait que la haine ou l'adoration, la dépendance ou l'aliénation. Arthur C. Clarke avait suggéré que toute technologie suffisamment avancée serait impossible à distinguer de la magie. Il songeait alors à une éventuelle rencontre avec une civilisation extraterrestre, mais si un journaliste scientifique avait une responsabilité entre toutes, c'était bien d'empêcher la loi de Clarke de s'appliquer à la technologie humaine vue par les humains.
(Nobles sentiments... et moi qui fourguais de la frankenscience parce que c'était le créneau à occuper ! Je mis du baume sur ma conscience – ou l'engourdis temporairement – avec des platitudes sur la théorie du cheval de Troie, changer le système de l'intérieur, etc.)"
De fait, l'aliénation – très cronenbergienne – ici décrite n'épargne pas Andrew Worth, le narrateur, qui stocke "quatre mille téraoctets de RAM dans [s]a cavité péritonéale" (page 32), mais évite de filmer avec ses tripes (il ressemble plus au Jack Barron de Spinrad qu'à cette figure de journaliste gonzo que sera le Spider Jerusalem de Warren Ellis & Darick Robertson, du moins au début du roman) ; mais c'est bien son côté "vénal, paresseux et irresponsable" (page 31) qui va donner tout son prix à son évolution (c'est un "antihéros" donc, CélineDanaé et Tibérix ont raison).
L'épigraphe de la page 13 (la citation d'un auteur imaginaire inspiré d'Aimé Césaire) fournit d'entrée le mot-clé qui résume cette évolution, la "technolibération", qui est tout à la fois libération de la technique (via "la célébration de l'entendement" humain) et libération par la technique (des illusions dans lesquelles se complaît le cerveau, j'en reparle bientôt ; notez déjà que si ce deuxième point n'était pas accompagné du premier, Greg Egan pourrait être rattaché au transhumanisme, alors qu'il est plutôt, en fait, posthumaniste, suivant la distinction de Katia Schwerzmann).
Toutes les thématiques qui viennent se greffer sur cette trajectoire fondamentale de désaliénation par la connaissance sont précisément autant de sujets que, selon moi, Greg Egan lègue à ses épigones :
– la primauté de l'aventure intellectuelle (la quête d'une Théorie Du Tout) sur l'action (qui ne manque pourtant pas dans L'Enigme de l'univers, surtout dans la troisième partie), ça sera le ressort fondamental d'Anatèm de Neal Stephenson (mais aussi de la nouvelle "Origami" de Serge Lehmann) ;
– le rôle fondamental que joue dans cette aventure une physicienne "survoltée et capricieuse" (page 211), Violet Mosala, dont Andrew est chargé de faire le portrait, nous le retrouverons dans L'Affaire Crystal Singer d'Ethan Chatagnier (avec le même genre de considérations mathématiques, sur les distances plutôt que sur les mesures comme ici) ;
– la progression en toile de fond d'une maladie neurologique (le D-stress qui donne son titre d'origine, Distress, au roman, dont je n'aime pas trop le titre français, comme Feyd Rautha), tout autant que l'existence (autant kantienne que nietzschéenne) de limites inhérentes au cerveau humain (l'aire de Lamont, dont je reparle tout de suite), ce sont deux marqueurs de la hard SF déployée par Peter Watts dans Vision aveugle et Echopraxie (on songe aussi à La Chose en soi d'Adam Roberts);
– l'île eutopique d'Anarchia, qui sert de décor à la majeure partie de l'histoire (excepté la première partie et l'épilogue), se retrouvera, dans une version peut-être un peu affadie (il y manque un certain rapport à la connaissance), dans la Porquerolles mise en scène dans Les Furtifs par Alain Damasio (qui refuserait sans doute de revendiquer l'influence, mais peu importe).
Le seul thème majeur qu'Egan met délibérément de côté, en le supposant résolu (en 2055) grâce au génie génétique (ce qui est sans doute trop optimiste, en sus d'être du technosolutionnisme pur jus), c'est le "réchauffement climatique" (page 107) – mais l'intégrer de façon plus frontale à L'Enigme de l'univers aurait probablement brouillé la thématique centrale du roman, à savoir la valeur cardinale de la connaissance pour l'être humain (et les limites que la biologie impose à sa volonté de savoir).
Lamont
Je viens de l'évoquer, la première partie de L'Enigme de l'univers se situe avant l'arrivée d'Andrew sur l'île d'Anarchia, et elle sert à première vue à mettre en place l'univers complexe du roman – à première vue seulement, parce qu'un personnage autiste qu'Andrew y interroge (non sans condescendance), James Rourke, va mettre en avant un point crucial pour l'histoire, l'efficacité douteuse de l'aire (imaginaire) de Lamont (page 79, c'est le genre de passage qui inspirera Peter Watts) :
"Mais quelle est la proportion de compréhension réelle par rapport à une illusion de compréhension ? L'intimité est-elle une forme de connaissance, ou n'est-elle qu'une croyance rassurante mais erronée ? L'évolution ne se soucie pas de savoir si nous appréhendons ou non la vérité, sauf au sens le plus pragmatique. Et il peut y avoir des faussetés tout aussi pragmatiques. Si le cerveau a besoin de nous donner une impression exagérée de notre capacité à nous connaître mutuellement – de rendre la formation de couples compatible avec la conscience de soi – , il mentira effrontément, autant qu'il le faudra, pour que cette stratégie réussisse."
Petit point au passage sur la représentation de l'autisme dans L'Enigme de l'univers, roman datant de 1995, d'où un mélange de traits pertinents et d'autres qui le sont moins (attention donc à ne pas considérer le roman comme le nec plus ultra en la matière, comme le suggère Tachan ; la même remarque vaut pour "l'asexualité", qui est décrite non comme une orientation sexuelle, mais un état d'asexuation chirurgicalement induit, mais bon, AVEN ne sera créé qu'en 2001) :
– on considère généralement la création en 1998 du (défunt) site autistics.org comme la naissance de l'activisme autistique, mais sa co-fondatrice, Laura Tisoncik, explique ici que l'idée était dans l'air, grâce à des personnes comme Cal Montgomery, donc Greg Egan manifeste ici une remarquable sensibilité à l'air du temps ;
– l'activiste autiste représenté, James Rourke, et son interviewer, Andrew Worth, font une distinction (par exemple page 75) entre "autistes intégraux" (non-oralisants) et "autistes partiels", distinction dont on sait aujourd'hui qu'elle est non seulement douteuse (tous les autistes ont les mêmes difficultés, lire cet article de C. L. Lynch), mais aussi dommageable (Plume D. Serves en parle ici à propos de Devon Price) ;
– l'autisme est décrit à tort comme un déficit de modélisation d'autrui, donc d'empathie (c'est plutôt en fait un déficit d'interprétation et d'utilisation des codes sociaux), qui aurait sa source dans une lésion (un amoindrissement) d'une partie du cerveau, ici baptisée aire de Lamont (une étude de 2020 conclura au contraire que le cortex frontal des autistes est plus épais, traduction physique au demeurant assez logique de la fameuse surcharge sensorielle).
Evidemment, comme dans la SF à la Wells, l'essentiel n'est pas dans la plus ou moins grande pertinence du postulat posé par Greg Egan (l'aire de Lamont donc), mais dans la manière dont il en développe, le plus logiquement du monde, toutes les conséquences, y compris politiques – voici comment Andrew lui-même jugera, 50 ans après les événements, l'aire de Lamont (page 456, épilogue de L'Enigme de l'univers, et passage garanti sans spoiler) :
"Elle faisait croire aux gens qu'ils se connaissaient mutuellement et pouvaient parler les uns pour les autres, se comprendre mutuellement... beaucoup plus qu'ils ne le pouvaient en réalité."
En faisant de cette illusion de compréhension le moteur de la représentation politique (au sens large, incluant l'activisme), Greg Egan – à travers Andrew Worth – en arrive fatalement à la conclusion que seule la démocratie directe est viable – d'où la question rhétorique posée (page 170) par Bill Munroe, un résident d'Anarchia :
"Vous n'en avez jamais marre de cette interminable parade de bouffons qui s'arrogent le droit de parler en votre nom : politiciens, intellectuels, célébrités, commentateurs qui vous définissent et vous caractérisent dans les moindres détails... depuis votre "sens de l'humour australien" jusqu'à votre "iconographie subconsciente collective" de mes deux... et qui ne sont que des menteurs et des voleurs ?"
A cette démocratie représentative qui vire au cirque médiatique (étonnante modernité de L'Enigme de l'univers, là encore), Greg Egan oppose le pragmatisme d'Anarchia, société eutopique qui repose, plutôt que sur des idéaux hérités de Bakounine, sur la connaissance que chacun de ses membres a de la sociobiologie humaine (page 166) :
"Si les gens comprennent les forces biologiques qui agissent sur eux-mêmes et sur tous les individus qui les entourent, ils ont alors au moins une chance d'adopter des stratégies intelligentes pour obtenir ce qu'ils veulent avec un minimum de conflits... au lieu d'avancer à l'aveuglette avec pour seuls guides des mythes romantiques et l'autosuggestion légués par quelque défunt philosophe politique."
Symptomatiquement, ce qui tient lieu de cérémonie d'accueil sur l'île d'Anarchia est une plongée (littérale) dans ses soubassements coralliens, un événement qu'Andrew ne vivra que par procuration, mais qui annonce clairement son propre "vertige" final (page 449) – voilà comment il décrit le retour de Rajendra (page 183, on songe aussi au premier Ghost in the Shell de Mamoru Oshii) :
"Je ne savais s'il jouait ou non la comédie – ça n'avait pas l'air d'être son genre – mais lorsqu'il se débarrassa de l'équipement de plongée, tout émoustillé, il avait un sourire de dément amoureux et il tremblait.
L'adrénaline ? Oui, mais il n'avait pas plongé rien que pour le frisson. Il était revenu sur la terre ferme... mais ça ne serait plus pareil à présent qu'il avait vu ce qu'il y avait en-dessous : à présent qu'il avait traversé à la nage les fondations ténues de l'île.
Voici ce que les habitants d'Anarchia avaient en commun : non seulement l'île elle-même mais la connaissance personnelle de son secret ; ils se tenaient sur un rocher que les fondateurs avaient fait surgir de l'océan par cristallisation, qui se dissolvait en permanence et ne perdurait qu'au travers d'un processus de réparation permanent."
Wheeler
Cette idée que la commune connaissance des fondements de la société – ou de l'univers – nous unit plus sûrement que n'importe laquelle hasardeuse modélisation psychologique, c'est évidemment une des idées-forces du roman, que Greg Egan va soigneusement dégager tout à la fois de l'intellectualisme, de la religiosité ou de l'anthropocentrisme auxquels elle pourrait donner lieu.
A première vue en effet une telle conception met au-dessus de tout l'intelligence humaine, au risque de dévaloriser la corporéité – sauf que la plongée que je viens d'évoquer est clairement une expérience corporelle, et qu'Andrew ne pourra atteindre la connaissance finale que parce qu'il a auparavant pris conscience de son enveloppe physique (page 281, fin de la deuxième partie ; ce type de passage montre clairement que Greg Egan est plus posthumaniste que transhumaniste, toujours suivant la distinction de Katia Schwerzmann) :
"Ce corps malade était tout mon être. Ce n'était pas l'abri provisoire de quelque minuscule homme-dieu indestructible vivant dans la chaude obscurité protectrice derrière mes yeux. De mon crâne jusqu'à mon anus putride, c'était l'instrument de tout ce que je ferais, ressentirais et serais jamais.
Je n'avais jamais conçu cette relation autrement...
... mais je ne l'avais jamais ressentie, jamais vraiment connue. Je n'avais jamais été forcé d'embrasser toute la vérité sordide, remuante et viscérale."
Cette plongée dans ce que le corps a de plus répugnant (donc grotesque), Greg Egan s'en sert à la fois pour préparer la sublimation finale et pour s'opposer à la transcendance revendiquée par les Sectes Ignorantes, qui s'opposent à toute Théorie Du Tout pour préserver une part de mystère sacré dans l'univers – voir par exemple cette réflexion d'Andrew page 288, qui répudie clairement la distinction fallacieuse âme / corps (Egan est donc spinoziste, comme le sera Damasio) :
"Si l'univers lui-même n'était pas une notion culturelle, la terreur sans nom que je ressentais en voyant que j'en faisais partie en était certainement une. Si je n'avais jamais eu l'honnêteté d'assumer la nature moléculaire de ma propre existence, la société dans laquelle j'avais résidé avait été tout aussi timorée. La réalité avait toujours été déguisée, censurée, ignorée. J'avais passé trente-six ans dans un monde encore infecté par un dualisme attardé, par une stupide spiritualité tacite, où films et chansons chantaient encore l'âme immortelle avec force sanglots... tandis que la majorité des gens avalaient des drogues synthétiques dans un contexte résolument matérialiste."
En opposant ainsi une forme de sublime "scientifique" (découlant d'une connaissance approfondie) à une autre plus "religieuse" (car liée à une ignorance assumée), Greg Egan se rattache à une esthétique rococo (qui voit l'ordre caché derrière le chaos apparent de l'univers) plutôt qu'au baroque (pour qui le désordre écrasant du monde doit conduire l'homme à un respect accru envers Dieu) – là encore Andrew est très clair sur le sujet (page 448) :
"C'était le monde tel que je m'étais toujours efforcé de le voir : complexe, étrange, d'une beauté majestueuse – mais foncièrement harmonieux et donc compréhensible, en fin de compte.
Il n'y avait pas de raison d'éprouver de la terreur. Même mêlé de respect."
Le problème du sublime rococo embrassé par Greg Egan (ici et dans Isolation, son "pendant thématique", comme le disait fort bien Erwann Perchoc dans le Bifrost 88), c'est que, contrairement au sublime baroque (plus courant selon moi dans la SF contemporaine), il risque de déboucher sur un anthropocentrisme malvenu, qu'Egan choisit précisément d'incarner dans une "secte" particulière, les Anthrocosmologistes (au nom parlant).
Dans la lignée de John Wheeler, les Anthrocosmologistes soutiennent "l'idée d'un univers participatoire : un univers façonné par les habitants qui l'observent et l'expliquent" (page 217), ce que l'intrigue de L'Enigme de l'univers ne remettra pas fondamentalement en cause ; mais ils soutiennent aussi qu'un jour existera une personne (Violet Mosala ?) dont la Théorie du Tout créera littéralement l'univers (pages 221-222) :
"De cette personne, l'univers "croît" par le pouvoir de son explication ; il s'extériorise dans toutes les directions et dans les deux sens du temps. Au lieu d'être éjecté du proto-espace par explosion – au lieu d'être inexplicablement "suscité" au commencement du temps –, il se cristallise tranquillement autour d'un être humain unique.
Voilà pourquoi l'univers obéit à une loi unique – une Théorie du Tout. Tout s'explique par une seule personne, être unique que nous appelons la Clef. Tout être et toute chose existent parce que la Clef existent."
Si vous avez lu Le Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges & Marguerita Guerrero (page 140), vous aurez probablement reconnu, mise au goût du jour, la vieille légende judaïque des Lamed Wufniks, ces hommes justes qui empêchent Dieu de détruire l'univers – Greg Egan souligne à mon avis cette parenté en baptisant "Aleph" l'état de "l'espace informationnel à l'instant où la Clef "devient" la Clef" (page 322).
Vous aurez également reconnu un autre mythe, explicitement convoqué (page 326) par Greg Egan celui-là : celui "de quelque ordinateur-dieu assoupi dans une réalité supérieure, qui menacerait de se réveiller et de nous oublier" (voir le film La Sonambula de Fernando Spiner pour une illustration SF du concept) – pour les Anthrocosmologistes, et au final pour Andrew, l'enjeu est donc d'éviter, littéralement, une Apocalypse.
Ceci dit – et c'est là que Greg Egan s'affranchit, sinon totalement de l'anthropomorphisme, du moins du solipsisme – la Clef existe-t-elle vraiment à un seul exemplaire ? Répondre à la question serait risquer de déflorer le subtil mécanisme de l'intrigue mis en place par Egan dans L'Enigme de l'univers, mais je peux toujours citer ces propos qu'une maricultrice tient à Andrew page 352, propos où gît probablement toute la morale du roman :
"Nous sommes tous dans l'océan, en train de nager debout et de nous soutenir les uns les autres. C'est comme ça que nous naissons, c'est comme ça que nous mourons. En essayant de nous maintenir la tête au-dessus des vagues."
On reproche très souvent à la hard SF de se focaliser uniquement sur les sciences dites dures, en oubliant les sciences dites humaines : avec L'Enigme de l'univers, un jalon important autant dans son parcours que dans l'histoire du genre, Greg Egan prouve que la hard SF n'est jamais aussi grande que quand elle tire les conséquences humaines de ses durs postulats.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire